dimanche 22 mars 2015

Sortilèges à Villiers-sous-Grez



Connaissez-vous Villiers-sous-Grez en Seine-et-Marne ? Non ? C'est la petite commune à l'ouest de Montigny-sur-Loing et de Bourron-Marlotte, à l'est de la Chapelle-la-Reine et juste au-dessus (et non sous) de Grez-sur-Loing... ça y est, vous voyez bien où c'est...

Eh bien, figurez-vous que dans la salle communale de Villiers-sous-Grez, j'ai assisté à la représentation de L'enfant et les sortilèges de Maurice Ravel
sur un texte de Colette et que j'ai passé un très beau moment musical !


Jeanne Desoubeaux


Grâce à l'astucieuse mise en scène de Jeanne Desoubeaux qui fit évoluer les chanteurs à côté du piano et parmi chaises et portant, les laissant se changer à vue sur scène mais les emmenant avec une réelle direction d'acteurs fort talentueusement relayée par tous les protagonistes, vers l'illusion et le rêve qui ont envahi nos yeux et nos esprits malgré un éclairage plat et cru.




La meilleure preuve - si preuve en était besoin - la qualité d'écoute du public venu nombreux et parmi lequel se trouvait une bonne vingtaine d'enfants ! Le public des plus grandes salles parisiennes aurait pu en prendre de la graine... !

Philippe Hattat


Après une belle interprétation de "Ondine" (extrait de Gaspard de la Nuit de M. Ravel), le jeune pianiste Philippe Hattat a accompagné avec talent le groupe de chanteurs.





De jeunes chanteurs (voir liste ci-dessous) bourrés de talent, aux voix bien assurées, sachant nuancer cette musique difficile et prononcer très intelligiblement le texte et, comme je l'ai dit plus haut, l'incarnant avec beaucoup de justesse, d'enthousiasme et d'émotion.
Anaïs Bertrand - Mezzo - l'Enfant

Judith Derouin - Soprano - La Bergère, une Pastourelle, la Chatte, la Chauve-souris, la Chouette
Pauline Leroy - Mezzo - La Maman, la Tasse Chinoise, la Libellule, l'Ecureuil

Alejandro Gabor - Baryton - Le Fauteuil, un Arbre
Jean-Christophe Lanièce - Baryton - L'Horloge Comtoise, un Pâtre, le Chat

Nathalie Morazin - Soprano - Le Feu, la Princesse, le Rossignol

Martial Pauliat - Ténor - La Théière, le Petit Vieillard (arithmétique), la Rainette

Igor Bouin - Direction

On oublie vite le petit "bis" (extrait du film "La Belle et la Bête"), chanté en choeur, qui vint un peu comme un cheveu sur la soupe et brisant l'ambiance, pour ne retenir de cette soirée que la magie ravelienne sur ce texte de Colette, un hommage à la langue française fêtée cette semaine...

Un grand bravo à tous !

mercredi 18 mars 2015

"De Carmen à Mélisande" au Petit Palais (ou l'histoire de la Salle Favart)

La Salle Favart fête son tricentenaire ! N'hésitez-pas à vous joindre à la fête pour cet anniversaire de l'Opéra Comique à Paris. Associée au Petit Palais, la vieille Dame vous convie à une exposition autour de quelques-unes des créations qui eurent lieu au tournant des XIXème et XXème siècles.

Vous y découvrirez près de deux cents oeuvres rassemblées pour évoquer sept des opéras que l'on put voir dans cette salle entre 1870 et 1902 : Carmen, Les Contes d'Hoffman, Lakmé, Manon, Le Rêve, Louise et Pelléas et Mélisande.

Si dans le hall du bâtiment on trouve les statues de Carmen et Manon, c'est ici Mélisande qui accompagne la cigarière. Un voyage dans le temps à travers partitions originales, tableaux, costumes, photographies, affiches, objets... rassemblés ici grâce aux prêts de la BNF et des musées d'Orsay et Carnavalet.

L'ensemble est très bien mis en scène ;  une galerie déploie l'historique sur plans et dessins en menant jusqu'à l'entrée proprement-dite de l'exposition. Des enregistrements phoniques peuvent être écoutés au long du parcours à l'aide des casques, de même que des extraits vidéos de quelques dernières productions sonorisés de même.

Ce chemin, au milieu d'une atmosphère téâtrale joliment restituée et sous la reconstitution des plafonds de la salle et du grand foyer fut un vrai plaisir pour moi qui vécut, dans cette salle, mes premières émotions lyriques !

On en parle ! Suivez les liens :
http://www.petitpalais.paris.fr/fr/expositions/de-carmen-a-melisande-drames-a-lopera-comique
- http://www.francemusique.fr/agenda/exposition-de-carmen-melisande-drames-l-opera-comique




Allez-y, c'est au Petit Palais jusqu'au 28 juin !


dimanche 15 mars 2015

Opéra Garnier - "Le Chant de la Terre" - Mahler/Neumeier

Le mardi 3 mars dernier, j'assistais au spectacle de ballet chorégraphié, tout spécialement pour la troupe de l'Opéra de Paris, par le directeur du Ballet de Hambourg, John Neumeier, sur la musique du Chant de la Terre de Gutav Mahler.

Après la Troisième Symphonie du même G. Mahler en 2009, dont j'avais apprécié, entre autres, les portés audacieux, je n'attendais que le bonheur d'une belle soirée de ballet sur une musique sublime qui parle si bien à mon coeur. Ce ne fut qu'en partie le cas...
Oddur Jonsson
Nicolai Schukoff


C'est d'abord côté musique, justement, que je n'ai pas ressenti mon compte d'émotions. J'ai trouvé - et cela n'engage que moi - que l'orchestre ne restituait pas toute la beauté ni la profondeur de cette oeuvre sous la direction de Patrick Lange. De plus, si le baryton Oddur Jonsson a clairement exprimé toute la puissance de cette partition, le ténor Nicolai Schukoff ne m'a, lui, pas convaincue. Et puis, de toute façon, j'aurais préféré la version chantée par une contralto.


Quant aux moments de silence, voulus par le chorégraphe, qui ponctuent les différents chants et sur lesquels les danseurs continuent de s'exprimer, ils coupent la ligne mélodique et la continuité de l'oeuvre, la morcellent et la rendent inaudible. Et puis, bien sûr, vouloir le silence dans une salle de deux mille personnes en pleine épidémie de grippe... je n'insiste pas !!

Je vous laisse suivre le lien ci-après pour en savoir + sur Le Chant de laTerre. Sachez seulement que sa profondeur dramatique est très certainement liée à la mort de la fille du compositeur peu avant et que c'est la raison des accents déchirants de l'oeuvre. Le texte des poèmes chinois de la dynastie Tang ne rejoint pas toujours ces accents d'une profonde tristesse.




Scéniquement, le décor est minimaliste : un rectangle de gazon pour les vertes prairies un miroir au-dessus est un ciel où se copient la vie terrestre et, enfin, le cercle lumineux où se succèdent jour et nuit et où se densifient les quartiers de lune. Très beaux éclairages de l'ensemble.





La chorégraphie de Neumeier reprend ses portés audacieux habituels, magnifiés par les deux grands danseurs et excellents porteurs de la soirée : Fabien Révillon et Audric Bezard.



Audric Bézard

Fabien Révillon





   







Nolwenn Daniel
Sae Eun Park

Pour le reste - c'est à dire l'émotion - on est un peu sur sa faim. C'est propre, très bien dansé (trop bien ?), mais c'est lisse et, finalement, un peu ennuyeux par moment. Les pas se répètent et la gestuelle (que ne renierait pas un Bob Wilson) orientalisante glace davantage qu'elle n'émeut malgré tout le talent de Nolwenn Daniel, Sae Eun Park et tous les intervenants de notre magnifique Corps de Ballet national.